26 questions pour écrire la vie d’un ancêtre – Partie 2

Après nous être penchés sur l’enfance de Louis-Philippe Grandsire (lire l’article), nous abordons cette semaine sa jeunesse, avec 6 nouvelles questions.

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7. A-t-il connu des périodes de Guerre ou d’occupation ?

La jeunesse de Louis-Philippe Grandsire s’est déroulée en pleine période de guerres napoléoniennes. Louis-Philippe a dû voir partir de nombreux jeunes de sa génération pour grossir les troupes de l’armée napoléonienne. Certains, comme son beau-frère, n’en sont d’ailleurs jamais revenus.

Pendant les campagnes de Napoléon, la ville de Caudebec est restée relativement éloignée des zones de combats. Mais en octobre 1815, trois régiments anglais arrivent dans l’arrondissement d’Yvetot, dont un cantonné à Caudebec-en-Caux. Ils y restent jusqu’à la mi-décembre 1815. Cette période d’occupation, bien que courte, ne s’est pas déroulée sans heurts et a dû susciter une certaine émotion chez les habitants de Caudebec. Dans une lettre adressée au préfet de Seine-Inférieure, le sous-préfet d’Yvetot évoque en effet le départ des anglais en ces termes :

Je puis vous assurer, Monsieur le Préfet, que ce départ est un évènement très heureux pour ce pays, car depuis quelques temps beaucoup d’individus de cette nation se comportaient fort mal. Ils se permettaient des vols, des violences, etc, etc. Et quoi qu’en général MM. les chefs se montrassent envers leurs subordonnés très fermes et très sévères, les délits de cette espèce ne s’en renouvelaient pas moins tous les jours. (Lettre du 13 décembre 1815 – AD 76 – 8 R 83)

(Sources : archives concernant l’occupation de la France par les armées ennemies, sous-série 8R des AD76)

8. Dans quel type d’Habitat vivait-il ?

Louis-Philippe Grandsire vivait à Caudebec-en-Caux dans sa jeunesse, mais je ne sais pas précisément dans quel quartier. Il est toutefois fort probable qu’il vivait alors dans l’un des deux quartiers où il a vécu pendant le reste de sa vie : le faubourg de Rouen ou le quartier de la Planquette.

Quel que soit le cas, il s’agissait des quartiers pauvres de Caudebec et il y a fort à parier qu’il vivait dans l’une de ces maisons à pans de bois très courantes à Caudebec à cette époque (mais dont la grande majorité a disparu suite à la Seconde Guerre Mondiale).

Maisons à Caudebec-en-Caux

Maisons à Caudebec-en-Caux

Il devait donc vivre dans un habitat resserré, avec une forte densité de population, et des logements relativement précaires.

(Sources : registres d’état civil de la commune de Caudebec-en-Caux, AD76)

9. Quel était son niveau d’Instruction ?

Louis-Philippe Grandsire n’a jamais su ni lire ni écrire. Il n’a signé aucun des actes des différents évènements auxquels il a participé. Il existait pourtant des possibilités de s’instruire à Caudebec-en-Caux, mais compte tenu de son histoire familiale, il a certainement dû commencer à travailler très tôt pour aider sa mère à subvenir aux besoins de la famille.

Ce n’est toutefois pas seulement à cause du décès prématuré de son père qu’il n’a jamais appris à écrire : ni ses parents ni ses grands-parents n’ont jamais su signer les actes les concernant.

I-signatures

Extrait de l’acte de mariage de Louis-Philippe Grandsire (source : AD76)

Par ailleurs, au cours de sa vie, Louis-Philippe a exercé des professions qui ne nécessitaient pas un niveau d’instruction particulier : il a d’abord été journalier puis ouvrier tanneur.

(Sources : registres d’état civil de la commune de Caudebec-en-Caux, AD76)

10. A-t-il été mêlé à des affaires Judiciaires ?

Je n’ai, pour le moment, pas retrouvé la trace de Louis-Philippe dans les archives judiciaires, mais la lecture des jugements de simple police du Juge de Paix de Caudebec-en-Caux permet aisément d’imaginer les affaires auxquelles il pouvait être confronté au quotidien.

A Caudebec, pendant la jeunesse de Louis-Philippe, les affaires judiciaires les plus courantes concernent :

  • des conflits entre vendeurs et acheteurs pour se faire payer les sommes dues ;
  • des marchands condamnés pour défaut de mesures légales ou pour avoir encombré la voie publique avec leurs marchandises ;
  • des hommes et des femmes, généralement en état d’ivresse, condamnés pour tapage nocturne.

Parmi cette dernière catégorie, il est une affaire dont Louis-Philippe a forcément entendu parler : en 1819, sa belle-sœur est condamnée à 11 francs d’amende et une journée d’emprisonnement pour tapage injurieux et nocturne.

(Sources : archives de la justice de paix de Caudebec-en-Caux, sous-série 4U des AD76)

11. A-t-il porté le Képi / A-t-il fait son service militaire ?

Comme tous les jeunes de son âge, Louis-Philippe Grandsire était soumis à la conscription militaire l’année de ses 20 ans. Il a donc été appelé en début d’année 1811 devant le Conseil de Recrutement du canton de Caudebec.

Extrait du registre de conscription du canton de Caudebec en Caux pour 1811

Extrait du registre de conscription du canton de Caudebec en Caux pour 1811

Lors de ce conseil, Louis-Philippe a demandé à être réformé pour épilepsie. Selon une première décision du conseil, son épilepsie n’est « pas suffisamment constatée » et « non connue du maire ». Elle est toutefois « certifiée par quatre conscrits dont deux ne l’ont pas vu tomber depuis 5 ans ». Louis-Philippe repasse donc devant le Conseil de Recrutement le 11 avril 1811. Cette fois, il est définitivement réformé pour épilepsie « constatée par le maire et par les conscrits de la commune ».

Contrairement à 29 jeunes conscrits de son canton, Louis-Philippe n’a donc pas eu à servir dans l’armée maritime. Ce fut certainement un soulagement pour lui, d’autant que sa femme était déjà enceinte de leur premier enfant.

(Sources : archives du recrutement militaire, listes cantonales de Caudebec-en-Caux en 1811, sous-série 1R des AD76)

12. Quelle Langue ou patois parlait-il ?

Louis-Philippe a vécu toute sa vie dans le pays de Caux et il y a donc fort à parier qu’il parlait le patois cauchois au quotidien.

Le patois qu’il employait était certainement beaucoup plus proche du français que celui que ses grands-parents parlaient. Dans sa jeunesse, en effet, du fait de la conscription militaire, le patois cauchois commençait à s’uniformiser et à se rapprocher du français. Cela devait être d’autant plus marqué à Caudebec dont le port constituait un point de passage pour de nombreux bateaux en provenance ou à destination de Paris.

A lire également : Retrouver comment parlaient nos ancêtres

(Sources : enquête sur les dialectes et essai sur le patois cauchois dans l’arrondissement du Havre, sous-série 6M des AD76)

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Elise

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