26 questions pour écrire la vie d’un ancêtre – Partie 3

Vie maritale en familleAprès avoir abordé l’enfance (lire l’article) et la jeunesse (lire l’article) de Louis-Philippe Grandsire, penchons-nous maintenant sur sa vie maritale, en 6 questions.

13. Quelles ont été les circonstances de son Mariage ?

Louis-Philippe Grandsire épouse Marie-Catherine Hague le 12 novembre 1810 à Caudebec-en-Caux. Celle-ci a 10 ans de plus que lui et est originaire de Saint-Arnoult, village voisin de Caudebec.

Le père de Marie-Catherine est décédé à Saint-Arnoult alors qu’elle n’avait que 4 ans. Sa mère, Thérèse Depuydt (née dans les Flandres et dont le nom a été francisé en « Put » à son arrivée en Normandie), est encore vivante au moment du mariage de Marie-Catherine avec Louis-Philippe. Elle vit alors depuis quelques années à Caudebec avec Marie-Catherine et ses sœurs. C’est donc certainement à Caudebec que Louis-Philippe et Marie-Catherine se sont rencontrés.

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Au moment de leur mariage, Marie-Catherine a déjà un fils, Pierre Eugène, né de père inconnu un an et demi plus tôt. Il est peu probable que Louis-Philippe soit le père de cet enfant car il ne l’a pas reconnu lors de leur mariage, comme c’est généralement le cas en pareilles circonstances.

Leur mariage se déroule très certainement dans l’église Notre-Dame de Caudebec, où Louis-Philippe avait été baptisé. Ils passent devant le maire à 7 heures du soir, en présence de leurs mères, des oncles paternels de Louis-Philippe, et de quelques témoins.

(Sources : registres d’état civil de la commune de Caudebec-en-Caux, AD76)

14. Comment a-t-il Nommé ses enfants ?

Louis-Philippe Grandsire et Marie-Catherine Hague ont eu ensemble 3 enfants :

  • Louis François Napoléon, né en 1811 ;
  • Victor Alexandre, né en 1814 ;
  • Catherine Euphrasie, née en 1817.

Les prénoms de leurs enfants sont tous composés de la même façon : un prénom classique (ou du moins relativement courant) et un prénom un peu plus original.

Toutefois, tout en étant assez rares, les deuxièmes prénoms donnés à leurs enfants sont parfaitement dans l’air du temps. Pour en juger, j’ai étudié dans les registres des naissances de Caudebec-en-Caux le nombre de fois où chacun des prénoms Napoléon, Alexandre et Euphrasie était donné entre 1802 et 1817.

Prénoms donnés à Caudebec

Nombre d’enfants prénommés Napoléon, Alexandre et Euphrasie à Caudebec entre 1802 et 1817

Lorsque nait leur premier enfant, Napoléon Ier est encore au pouvoir et le prénom Napoléon est assez en vogue à Caudebec. L’année précédente, le parrain de Louis-Philippe a nommé l’un de ses fils Jacques Philippe Napoléon.

Les années de naissance de Victor Alexandre et de Catherine Euphrasie correspondent également aux « pics » de naissance d’enfants prénommés Alexandre et Euphrasie (même si le pic est moindre pour cette dernière).

(Sources : registres d’état civil de la commune de Caudebec-en-Caux, AD76)

15. Quelles étaient ses Occasions d’aller à la ville ?

Louis-Philippe et sa femme vivaient en ville et s’y rendaient donc quotidiennement. Toutefois, nous pouvons nous demander quelles étaient leurs occasions de fréquenter certains lieux de la ville tels que l’église, l’auberge et le marché.

Auberge de la Planquette

Auberge de la Planquette

Au XIXème siècle, il n’y avait apparemment plus qu’une seule église à Caudebec-en-Caux : celle de Notre-Dame. Celle-ci était située tout près des lieux de vie de Louis-Philippe et de sa femme, mais il nous sera malheureusement impossible de savoir s’ils s’y rendaient à la messe.

Peut-être Louis-Philippe fréquentait-il plus souvent l’auberge que l’église. Là encore, il est difficile de savoir quelle auberge il pouvait fréquenter : l’auberge du quartier de la Planquette, représentée sur de nombreuses cartes postales du début du XXème siècle, existait-elle déjà ?

Le marché de Caudebec-en-Caux se tenait tous les samedis et avait une certaine importance, notamment pour le commerce du grain et du foin. Il se tenait également ce jour-là une halle au blé, à l’avoine, au seigle, à l’orge et aux haricots.

(Sources : Statistiques de la population industrielle dans l’arrondissement d’Yvetot, sous-série 6M des AD76 et Essai historique et artistique sur Caudebec et ses environs, par Anatole Saulnier, sur Gallica)

16. A-t-il été Propriétaire de biens ?

Contre toute attente, Louis-Philippe et sa femme, qui semblent avoir toujours vécu dans la pauvreté, ont été propriétaires. C’est du moins ce que laisse supposer une publication parue dans le Journal de Rouen du 8 août 1840.

Cette publication mentionne un contrat de vente au terme duquel un dénommé Amand-Louis Anquetil aurait acquis de Louis-Philippe Grandsire et de Marie-Catherine Hague une portion de terrain, située à Epinay-sur-Duclair. Il s’agissait d’un petit terrain bâti d’une maison d’habitation « composée d’un rez-de-chaussée, d’un premier étage, d’un grenier au-dessus et de lieux d’aisance », située dans le hameau du Vieil-Epinay.

Extrait du cadastre d'Epinay-sur-Duclair et article du Journal de Rouen du 8 août 1840

Extrait du cadastre d’Epinay-sur-Duclair et article du Journal de Rouen du 8 août 1840

Toutefois le mystère demeure : comment Louis-Philippe et sa femme sont-ils devenus propriétaires de ce bien ? D’autant qu’ils ne l’ont sûrement été que pour une courte durée car ils ne sont pas mentionnés comme propriétaires dans la matrice cadastrale d’Epinay-sur-Duclair (n’y figurent que les propriétaires successifs et précédents).

(Sources : Journal de Rouen du 8 août 1840 et Cadastre d’Epinay sur Duclair, sous-série 3P des AD76)

17. Dans quel Quartier vivait-il ?

Ce n’est qu’avec les recensements de population que nous pouvons connaître les adresses successives de Louis-Philippe et de sa famille. Malheureusement, le recensement de 1836 ne donne pas leur adresse. Il nous apprend néanmoins que le couple vit alors avec 3 de leurs enfants : Pierre Eugène (inscrit par erreur sous le nom de Grandsire alors qu’il a toujours porté le nom de sa mère), Victor et Euphrasie. Louis-François est alors déjà marié et ne vit plus avec eux.

En 1841, tous les enfants du couple sont mariés et ont fondé leur propre foyer. Louis-Philippe et sa femme vivent alors dans la rue Saint-Pierre, non loin de la place Saint-Pierre. Ils y habitent avec leur petit-fils Désiré Louis Mercier (le fils d’Euphrasie).

Extrait du cadastre de Caudebec-en-Caux

Extrait du cadastre de Caudebec-en-Caux

Ils vivent alors dans le quartier central de Caudebec, tout près du quartier de la Planquette où vivaient leurs mères respectives jusqu’à leur décès.

Suite au décès de Marie-Catherine, en 1842, Louis-Philippe se retrouve seul avec son petit-fils. Lors du recensement de 1851, ils ont quitté le centre de Caudebec, pour vivre sur la route d’Yvetot, au-delà des remparts historiques de la ville. Ils se retrouvent alors plus loin du centre, mais certainement plus près des tanneries où Louis-Philippe pouvait travailler.

(Sources : Recensements de la population de Caudebec-en-Caux, AD76)

18. Quels étaient les Revenus de son foyer ?

En tant qu’ouvrier tanneur, Louis-Philippe devait gagner un salaire journalier de l’ordre de 1,80 franc, ce qui était le salaire moyen d’un ouvrier tanneur en 1855, à Caudebec-en-Caux. Marie-Catherine, quant à elle, était dévideuse de coton et devait gagner très peu d’argent.

En 1817, suite à la naissance de leur fille, le couple se retrouve avec 4 bouches à nourrir. L’aîné des enfants n’a alors que 8 ans et est encore trop jeune pour travailler et apporter un complément de revenu à ses parents. La période de 1817 à 1821 a donc dû être la plus difficile financièrement pour la famille Grandsire.

Sur un an, dans cette période, les revenus des membres de la famille peuvent être estimés à :

  • Louis-Philippe : 315 journées à 1,80 franc par jour, soit 567 francs ;
  • Marie-Catherine : 200 journées à 0,90 franc par jour, soit 180 francs.

Soit un revenu total annuel proche de 750 francs. Or, différentes études réalisées sur les dépenses des ouvriers pendant la première moitié du XIXème siècle montrent qu’il fallait environ cette somme-là (mais sûrement un peu plus) pour subvenir aux besoins annuels d’une famille avec 4 enfants.

Louis-Philippe et sa femme gagnaient donc certainement tout juste de quoi subvenir à leurs besoins. Toutefois, leur situation a dû rapidement s’améliorer à mesure que leurs 3 garçons ont été en âge de travailler.

(Sources : Statistiques de la population industrielle dans l’arrondissement d’Yvetot, sous-série 6M des AD76 et Les Salaires et la condition ouvrière en France à l’aube du machinisme (1815-1830), par Paul Paillat, sur Persée)

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Elise

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