Recherches dans les contrôles de troupes au SHD

Chateau_de_Vincennes_SHDComme je l’avais mentionné dans un article précédent, pour ma première visite au Service Historique de la Défense, je me suis principalement intéressée aux registres de contrôle de troupes.

Pour cette visite, j’avais donc commandé quatre registres afin d’y retrouver la trace de quatre de mes ancêtres ayant servi au cours du XIXème siècle. Au final, toutes mes recherches n’ont pas été fructueuses (je n’ai retrouvé que deux d’entre eux), mais elles ont été riches en enseignements. Voici pourquoi.

Que sont les registres de contrôles de troupes ?

Tout d’abord, revenons sur ce que sont les registres de contrôle de troupes et ce que l’on peut y trouver.

Dans l’Armée de Terre, les contrôles de troupes sont les registres recensant tout le personnel d’un régiment. Ils consistent donc en une liste des hommes ayant rejoint un régiment à une période donnée, ainsi qu’un certain nombre d’informations les concernant :

  • état civil (parfois approximatif, suivant les époques) ;
  • description physique ou au minimum la taille ;
  • date d’incorporation et date d’arrivée au corps ;
  • grades et décorations ;
  • campagnes, blessures et actions d’éclat ;
  • motif et date de la fin du service dans le corps (passage dans un autre corps, fin de service, désertion).

Les registres de contrôle des troupes se trouvent dans la série Yc, composée d’un grand nombre de sous-série suivant la période et le type de régiment. Le site Ancestramil regroupe les retranscriptions d’un grand nombre d’inventaires concernant cette série. Certains inventaires peuvent aussi être consultés sur le site du Service Historique de la Défense. La recherche dans ces inventaires est assez simple : il suffit de connaître le nom du régiment dans lequel notre ancêtre a été incorporé et sa date d’incorporation.

A lire également : Premières recherches au Service Historique de la Défense

Mes recherches dans les contrôles de troupes

En me rendant au SHD, je comptais retrouver des informations sur ces quatre ancêtres :

  • Antoine Joseph ONSE, engagé volontaire dans le 3ème Bataillon du Nord vers 1793 ;
  • Jean-François MARTIN, soldat dans la 11ème demi-brigade légère vers 1801 ;
  • Eugène GRANDSIRE, incorporé dans le 1er Régiment du Train des Equipages Militaires en 1870 ;
  • Louis Joseph CORDELETTE, incorporé dans le 6ème Régiment de Chasseurs à Cheval en 1876.

Finalement, je n’ai retrouvé dans les registres de contrôle de troupes consultés que Jean-François MARTIN et Louis Joseph CORDELETTE. Le registre de contrôle de troupes où figurait le premier m’a apporté quelques informations intéressantes à son sujet et je les développerai dans la suite de cet article. Pour le second, par contre, les informations trouvées concordaient presque exactement avec les informations données par sa fiche de matricule militaire.

Registre de contrôle de troupes du 6ème Régiment de Chasseurs à Cheval

Registre de contrôle de troupes du 6ème Régiment de Chasseurs à Cheval (source : SHD, cote : 35 Yc 756)

Cet exemple permet de se rendre compte que pour les périodes récentes, lorsque les fiches de matricule ont été correctement complétées (ce qui est souvent le cas), les contrôles de troupes n’apportent que peu d’informations supplémentaires.

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Quant à Antoine ONSE et Eugène GRANDSIRE, le fait de ne pas les avoir retrouvés vient principalement d’un manque d’information fiable sur leur régiment d’incorporation. Par exemple, pour le premier, je n’avais trouvé d’information sur son régiment que sur un acte d’état civil le concernant (acte de naissance d’un de ses fils). Or, il est fort possible qu’une erreur ait été faite sur le numéro de son bataillon. En effet, il existait  à cette époque 10 bataillons de volontaires du Nord. En poursuivant mes recherches, je n’ai pas pu trouver d’autres mentions de son régiment. Toutefois, en établissant sa ligne de vie, j’ai pu encadrer la date de son engagement, ce qui me permettra peut-être de retrouver son bataillon (tous les bataillons de volontaires n’ont pas recruté au même moment).

Un exemple concret : Jean François MARTIN, conscrit de l’an VII

Revenons maintenant sur le cas de Jean-François MARTIN, pour donner un aperçu concret de ce que l’on peut trouver dans un registre de contrôle de troupes pour la période révolutionnaire.

Lorsque Jean-François MARTIN se marie en 1801, dans la Meuse, il est dit soldat dans la 11ème demi-brigade d’infanterie légère. Je l’ai donc recherché dans le registre de contrôle de troupe de cette demi-brigade couvrant la période de l’an I à l’an VII. La table alphabétique en fin de volume m’a permis de retrouver assez rapidement sa trace.

Registre de contrôle de troupes de la 11ème demi-brigade légère

Registre de contrôle de troupes de la 11ème demi-brigade légère (source : SHD, cote : 18 Yc 332)

Le registre nous apprend donc que Jean-François MARTIN était conscrit de 2ème classe et qu’il est arrivé au régiment le 24 prairial an VII. Il n’y a pas plus d’informations dans le registre sur ses états de service et sur les campagnes auxquelles il a pu participer. Mais la dernière case nous donne une information très intéressante : la date de sa désertion, le 30 prairial an IX. Il est donc resté deux ans comme chasseur dans ce régiment.

Par ailleurs, on constate en parcourant ce registre que la désertion n’est pas une chose particulièrement rare à cette époque : de nombreux soldats sont rayés pour désertion, et il y a un certain nombre de soldats hospitalisés dont on « n’a plus reçu de nouvelles ».

L’histoire militaire de mon ancêtre aurait donc pu s’arrêter là. Quelques mois après sa désertion, il se marie et le couple donne naissance à son premier enfant. Toutefois, au moment de la naissance de leur deuxième enfant, en 1805, Jean-François MARTIN est absent « étant au service de l’Empereur des Français ». Malheureusement cette fois il n’y a aucune indication sur son régiment.

Mes recherches à son sujet ne vont donc pas s’arrêter là, car j’aimerais beaucoup savoir pourquoi il s’est de nouveau retrouvé dans l’armée. A-t-il été arrêté pour désertion et renvoyé sous les drapeaux ? Quel sort était réservé aux déserteurs ?


J’espère que ce récit de recherches vous a donné un aperçu de ce que l’on peut trouver dans les registres de contrôle de troupes au Service Historique de la Défense. Il existe bien sûr de nombreux autres cas de figure et tout autant de découvertes à faire. Pour mes prochaines visites, j’ai d’ailleurs prévu de consulter des registres de contrôle de troupes de l’Ancien Régime.

Enfin, je ne peux que vous conseiller de « fouiller » dans les registres des régiments où étaient incorporés vos ancêtres. Feuilleter le registre et lire les fiches d’autres soldats du régiment permet en effet de mieux comprendre la composition du régiment et son parcours. Dans le cas de mon ancêtre Jean-François MARTIN, je me suis ainsi rendue compte que la désertion était un phénomène très courant dans son régiment et cela m’a permis de mettre en perspective sa propre désertion.

Elise

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