Recherches sur les conscrits du département des Forêts

Carte du département des Forêts

De 1795 à 1814, les territoires de la Belgique et du Luxembourg actuels ont été annexés par la France. Ce territoire a alors été divisé en neuf départements (nommés « départements réunis »).

L’actuelle province belge de Luxembourg, où vivaient certains de mes ancêtres, a alors été réunie au territoire du duché de Luxembourg, sous le nom de département des Forêts.

Pendant cette période, mes ancêtres belges se sont donc retrouvés français, et ont par conséquent été soumis aux lois françaises.

L’une des lois qui a certainement le plus marqué les familles de l’époque est la conscription, avec l’adoption de la loi Jourdan en 1798. Ainsi, les jeunes hommes belges ont été inscrits sur les listes de conscription et beaucoup d’entre eux ont dû rejoindre les rangs de l’armée française, en particulier lors des guerres napoléoniennes.

J’ai donc cherché à savoir comment mes ancêtres belges avaient vécu cette période.

Recherches dans les listes de conscription du département des Forêts

Les Archives Nationales de Luxembourg ont récemment mis en ligne les listes de conscrits de l’ancien département des Forêts, depuis l’application de la loi Jourdan en l’an VII et jusqu’à la fin de l’annexion française en 1814 (ces listes sont d’ailleurs ouvertes à l’indexation collaborative).

J’y ai donc recherché mes ancêtres et leurs frères qui étaient en âge d’être soumis à la conscription à cette période (en particulier deux fratries des familles RION et BUISSON, qui vivaient alors à Tintigny).

Du côté de mon ancêtre Jean Nicolas BUISSON et ses demi-frères (tous ayant le même père mais une mère différente) :

  • Jean Nicolas BUISSON, a été inscrit sur la liste des conscrits de l’an IX, sous le numéro 610. Toutefois, la liste n’indique pas s’il a dû rejoindre les rangs de l’armée.
  • Son demi-frère Pierre BUISSON, a été inscrit sous le n°82 du tableau des conscrits de 1806, et jugé bon pour le service.
  • Leur demi-frère Jean Henry BUISSON, conscrit de 1813, a pour sa part été réformé pour hernie inguinale du côté gauche.

Du côté des frères de mon ancêtre Marie Catherine RION (dont elle était l’aînée et la seule fille) :

  • L’aîné des frères, Jean Nicolas RION, a été porté en tête de liste des conscrits de l’an XI, sous le n°54 et a donc vraisemblablement dû partir sous les drapeaux.
  • Pierre RION, conscrit de 1807, a été réformé pour trop faible constitution.
  • Mathieu RION, conscrit de 1810, a d’abord été placé en fin de liste comme frère d’un conscrit en activité (sûrement son frère aîné Jean Nicolas), mais a ensuite été jugé capable de servir et envoyé sous les drapeaux.
  • Le plus jeune, Hubert RION, conscrit de 1812, a également été placé en fin de liste comme frère d’un conscrit en activité, puis finalement incorporé dans le 17e Bataillon des Equipages militaires en février 1813.

Recherches dans les registres de contrôles de troupes

Je n’ai pas encore retrouvé toutes les informations sur les régiments dans lesquels chacun d’entre eux a été affecté, mais j’ai pu retrouver la trace de deux d’entre eux dans le 108ème régiment d’infanterie.

J’ai donc poursuivi les recherches dans les registres de contrôles de troupes de ce régiment (qui sont disponibles en ligne sur le site Mémoire des Hommes) afin de connaître leur parcours.

Le parcours de Pierre BUISSON

Le premier, Pierre BUISSON, demi-frère de mon ancêtre Nicolas BUISSON, a été incorporé au 108e Régiment d’Infanterie le 21 octobre 1806.

Registres contrôles de troupes du 108e Régiment d'Infanterie de ligne

Registres contrôles de troupes du 108e Régiment d’Infanterie de ligne (source : SHD / Mémoire des Hommes)

Son inscription dans les contrôles de troupes du 108e régiment d’infanterie est pour le moins surprenante : il est d’abord indiqué « mort au combat le 8 février 1807 à Eylau ». Cette mention est étonnante puisque je sais que Pierre BUISSON s’est marié à deux reprises, en 1815 et 1832. Il n’est donc clairement pas décédé à Eylau.

Mais les lignes suivantes rétablissent les faits : « était au contraire entré à l’Hôpital le dit jour, blessé, rentré au corps le 1er juillet 1807 ».

En mars 1808, il est détaché au 14e Régiment provisoire de l’armée d’Espagne qui servira à constituer par la suite le 119ème Régiment d’Infanterie.

J’ai donc également retrouvé sa trace dans les registres de contrôles de troupes du 119ème Régiment de Ligne. Ceux-ci nous apprennent qu’il a été promu sergent le 5 mars 1813, puis qu’il a été rayé des contrôles pour longue absence le 31 décembre 1813, soit à la fin de la campagne d’Allemagne de 1813.

Comme c’est souvent le cas pour cette période, il est difficile de savoir dans quelles circonstances il a quitté son régiment : a-t-il été blessé, fait prisonnier, ou bien a-t-il déserté ? Tout ce que l’on peut savoir, c’est qu’il est finalement bien rentré chez lui, puisqu’il s’est marié à Tintigny en 1815.

Le parcours de Mathieu RION

Le second, Mathieu RION, petit frère de mon ancêtre Marie Catherine RION, n’a pas eu autant de chance. Il a lui aussi été incorporé au 108ème Régiment d’Infanterie, où il est arrivé le 2 juin 1809, comme jeune conscrit.

Registres contrôles de troupes du 108e Régiment d’Infanterie de ligne

Registres contrôles de troupes du 108e Régiment d’Infanterie de ligne (source : SHD / Mémoire des Hommes)

Il a donc participé à différentes campagnes avec son régiment, en particulier la campagne d’Allemagne et d’Autriche de la 5e coalition (pendant laquelle a eu lieu la célèbre bataille de Wagram). Il a ensuite pris part à la campagne de Russie de 1812 à l’issue de laquelle il a été présumé prisonnier de guerre le 25 décembre 1812.

Les mentions à son sujet s’arrêtent là dans les registres de contrôles de troupes. Qu’est-il devenu ? Je n’ai pu retrouver aucune trace de lui par la suite : il est donc probable qu’il ne soit jamais revenu et qu’il soit décédé en Russie.

C’est vraisemblablement sa disparition qui a fait que son plus jeune frère Hubert RION a dû, à son tour, partir sous les drapeaux en février 1813.

Je l’avais déjà constaté lors de mes précédentes recherches sur les soldats du Premier Empire, mais cette recherche montre une fois encore la dureté de la situation lors des guerres Napoléoniennes.

Il semblait n’y avoir alors aucune considération pour les soldats morts pour la France, ou victimes de guerre : cela donne l’impression que l’on ne cherchait pas vraiment à savoir ce qu’ils étaient devenus, mais seulement à les rayer des contrôles de leur régiment pour pouvoir les remplacer au plus vite.

Et vous, avez-vous des ancêtres qui ont participé aux guerres napoléoniennes ? Avez-vous pu retracer leur parcours ?

Elise

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