Retracer l’histoire d’une maison grâce au cadastre

J’ai entrepris récemment de reconstituer l’histoire de la maison dans laquelle je vis depuis que je suis arrivée dans la Marne, à Montmort-Lucy.

Maison à Montmort-Lucy

La maison où j’habite

La maison est située tout près du château du village et je savais qu’il s’agissait d’anciennes dépendances du château.

Le château de Montmort-Lucy

Le château de Montmort-Lucy

Grâce à différents plans mis en ligne par les Archives Départementales de la Marne, j’ai pu constater que la maison actuelle fait effectivement partie d’anciennes granges qui appartenaient au propriétaire du château (M. de Montmort) à la fin du XVIIIème siècle. Celui-ci possédait à cet endroit plusieurs bâtiments qui formaient la basse-cour du château.

Comparaison de la maison actuelle avec un plan de 1797

Comparaison de la maison actuelle avec un plan de 1797 (source : Archives Départementales de la Marne)

J’ai donc voulu savoir comment la transformation de la maison s’était faite entre la grange du début du XIXème siècle (formée d’un unique bâtiment allongé), et la belle maison actuelle, en forme de U autour d’une cour.

Recherches dans le cadastre napoléonien

Pour cette recherche, j’ai consulté les plans et les matrices cadastrales de Montmort qui m’ont permis de retracer l’histoire de la maison depuis la création du cadastre en 1823, jusqu’à l’époque actuelle.

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Au moment de la création du cadastre, vers 1823, le bâtiment de granges était divisé en 3 parcelles. La première (C 218) appartenait au propriétaire du château (et c’est toujours le cas de nos jours). Les deux suivantes (C 219 et C 220), plus proches du village, appartenaient à deux propriétaires différents.

En rouge les deux parcelles constituant la maison actuelle, sur le cadastre napoléonien de 1823

En rouge les deux parcelles constituant la maison actuelle, sur le cadastre napoléonien de 1823

Ce sont ces deux parcelles, désormais rattachées, qui forment la maison actuelle. Et même si elles semblent former une unité, elles ont eu une évolution distincte et n’ont finalement été réunies que vers 1926.

Parcelle C 219

En 1823, lors de la création du cadastre napoléonien, la parcelle contenant la partie centrale de la grange (parcelle C 219) appartient à François ROBIN, un meunier de Montmort. Le bâtiment a alors toujours une fonction de grange (il est mentionné comme « bâtiment rural » sur les matrices cadastrales).

Peu de temps après, vers 1824, la parcelle est acquise par Louis Nicolas VERRAT, un marchand de bois qui vit à Montmort avec sa femme. Il est également propriétaire de plusieurs maisons dans le centre du village et peut-être se sert-il de cette grange pour entreposer le bois qu’il vend.

Louis Nicolas VERRAT décède en 1849 à Vichy (dans l’Allier), sûrement en déplacement pour son travail. Suite à son décès, ses biens reviennent à ses enfants, puis sont vendus par adjudication. La grange de la parcelle C 219 est alors acquise par Pierre Auguste MASSON, un tuilier de Montmort, en juin 1850.

C’est lui qui va être à l’origine de la première extension du bâtiment existant : en 1855, une première aile est ajoutée à la grange.

Evolution des parcelles après les travaux de 1855

Evolution des parcelles après les travaux de 1855

Contrairement au bâtiment existant, qui reste classé comme bâtiment rural, la nouvelle construction est appelée à servir de maison.

En 1882 (lorsqu’elle apparaît sur le registre des propriétés bâties), elle est équipée d’une porte cochère et de 11 ouvertures. Une douzième ouverture est ajoutée en 1901.

La parcelle reste la propriété de Pierre Auguste MASSON et de ses héritiers jusqu’en 1883. Elle passe ensuite à différents propriétaires sans que de grands changements n’y soient faits.

Enfin, vers 1927, elle est acquise par Maurice POCQUET de LIVONNIERE.

Parcelle C 220

Lors de la création du cadastre, cette seconde parcelle appartient à Ambroise OUDELIN, un aubergiste de Montmort, qui en reste le propriétaire jusqu’en 1849. Il possède également deux parcelles attenantes : la parcelle C 221 constituée d’un jardin, et la parcelle C 222 sur laquelle est construite une maison. Ces trois parcelles constituent alors l’auberge de « La Pomme d’Or », qui a existé à Montmort au moins jusqu’au début du XXème siècle.

L'Auberge de la Pomme d'Or et le Château de Montmort au début du XXème siècle

L’Auberge de la Pomme d’Or et le Château de Montmort au début du XXème siècle

Le bâtiment principal de l’auberge, que l’on voit sur la carte précédente, n’existe plus de nos jours. Il a été démoli vers 1960 et laisse désormais place à un parking.

Emplacement de l'Auberge de la Pomme d'Or à Montmort

Emplacement de l’Auberge de la Pomme d’Or à Montmort

En juin 1849, l’auberge et toutes ses dépendances (dont la grange) sont acquises par Adolphe Gabriel BUFFRY, lui aussi aubergiste. Il reste le propriétaire de l’auberge jusqu’à son décès, puis celle-ci revient à son fils, Adolphe dit Ambroise BUFFRY.

Vers 1873, Ambroise BUFFRY est à l’origine d’une nouvelle extension de la grange. Il fait construire un nouveau bâtiment sur la parcelle C 220 : une maison qui ne possède alors que 5 ouvertures imposables.

Au décès d’Ambroise BUFFRY, en 1882, c’est sa sœur Zénaïde qui hérite de la maison et la conserve jusqu’à son décès en 1887.

Elle est ensuite acquise par Pierre Narcisse BANDRY, concierge à Paris, qui entreprend des travaux importants en 1889 : la maison passe de 5 ouvertures imposables à 15 ouvertures, dont une porte cochère (puis 17 ouvertures l’année suivante).

Evolution des parcelles après les travaux de 1873 et de 1889

Evolution des parcelles après les travaux de 1873 et de 1889

La maison reste dans la famille BANDRY jusqu’en 1926, époque vers laquelle elle est acquise par Maurice POCQUET de LIVONNIERE.

Parcelles réunies

C’est donc Maurice POCQUET de LIVONNIERE, un ingénieur des Mines originaire d’Orléans, qui est à l’origine de la réunion des deux parcelles C 219 et C 220 entre 1926 et 1927. Vers 1929, lui et sa femme (qui est originaire de Montmort) acquièrent également plusieurs parcelles proches, en particulier les bâtiments de l’auberge de la Pomme d’Or (C 222).

En 1931, il fait construire une salle de spectacle sur la parcelle réunie (C 219/220). Celle-ci existe toujours (même si elle a perdu sa vocation) dans l’ancien bâtiment qui constituait la grange initiale. J’imagine que c’est également Maurice POCQUET de LIVONNIERE et sa femme qui ont été à l’origine des nombreux aménagements faits sur la maison et dans les jardins, pour lui donner son aspect actuel. Tous deux sont restés les propriétaires de la maison jusque dans les années 1960.

La maison sur le cadastre actuel

La maison sur le cadastre actuel (source : IGN / Géoportail)

Cette recherche dans les matrices cadastrales m’a ainsi permis de retracer une grande partie de l’histoire de la maison. Par la même occasion, j’ai pu découvrir des pans de l’histoire de mon village.

Mes recherches vont maintenant se porter sur d’autres ressources, notamment pour :

  • remonter plus loin dans le temps et découvrir l’histoire des bâtiments pendant la période révolutionnaire et l’ancien régime ;
  • trouver plus de détails sur les évolutions de la maison au fil du XIXème siècle ;
  • approfondir la vie de ses propriétaires et habitants successifs.

Et vous, avez-vous déjà fait des recherches sur l’histoire de votre maison ? Quelles découvertes avez-vous faites ?

Elise

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