Le garde-champêtre au XIXème siècle

Parmi mes ancêtres, deux hommes ont exercé la fonction de garde-champêtre. Dans le cadre de la rédaction de mon histoire familiale, j’ai cherché à en savoir plus sur leur métier et leur quotidien.

En faisant ces recherches, je me suis aperçue que l’écriture de l’un de mes ancêtres ne paraissait pas compatible avec ses fonctions de garde-champêtre.

A t-il vraiment exercé cette profession ?

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Les fonctions du garde-champêtre

J’ai trouvé sur Gallica un document très intéressant qui permet d’en savoir plus sur le rôle et les attributions du garde-champêtre au XIXème siècle. Il s’agit du Guide pratique du garde-champêtre (3ème édition) par Hallez-D’Arros. Ce document est passionnant à plus d’un titre : il permet d’une part de découvrir les fonctions du garde-champêtre, mais également d’apprendre les lois qui régissaient la vie d’un village au XIXème siècle, grâce aux exemples de procès-verbaux donnés en fin d’ouvrage.

Le garde-champêtre était donc en quelque sorte un policier rural et avait diverses attributions visant à maintenir l’ordre dans le village :

  • Veiller à la conservation des propriétés rurales et des récoltes ;
  • Rechercher les malfaiteurs, les vagabonds et les déserteurs ;
  • Arrêter et conduire devant la justice tous les individus pris en flagrant délit ;
  • Signaler au maire ou à la police tous les crimes et délits dont ils avaient connaissance ;
  • Maintenir l’ordre et la tranquillité dans le village ;
  • Constater les délits de chasse et pêche ;
  • Constater la fraude et la contrebande sur le tabac, les poudres à feu et les cartes à jouer (sur lesquelles l’état avait alors un monopole) ;
  • S’assurer du respect des poids et des mesures.

Qui étaient les gardes-champêtres ?

Voici comment la profession de garde-champêtre était décrite par M. Henrion de Pansey d’après l’ouvrage précité :

« Un garde champêtre doit avoir une grande exactitude, une infatigable activité, une vigilance difficile à tromper, un désintéressement qui le mette au-dessus de la corruption ; il doit avoir quelques notions relatives à la police des campagnes, des idées assez nettes pour rédiger clairement un procès-verbal ; enfin assez de droiture pour que, dans l’exercice de ses fonctions, il ne se laisse influencer ni par des haines particulières, ni par des affections personnelles. »

Le métier de garde-champêtre était donc une position importante dans le village, et ne pouvait être confiée qu’à une personne digne de confiance. Il faut noter également que les gardes-champêtres étaient nommés par le préfet, après présentation du candidat par le maire.

Ces descriptions du métier de garde-champêtre nous permettent d’en apprendre plus sur les personnes qui occupaient ces fonctions. Le garde-champêtre devait donc être quelqu’un de droit et d’estimé dans le village (du moins par les autorités). Il devait en outre être en bonne condition physique. Enfin, il est inéluctable que les gardes-champêtres devaient être instruits, sachant lire et écrire, puisqu’ils devaient rédiger de nombreux procès verbaux.

Mes ancêtres gardes-champêtres

Voici les informations que j’ai pu retrouver sur chacun de ces deux ancêtres, qui ont tous les deux vécu dans le même petit village de la Meuse :

  • Nicolas Joseph WATY, garde-champêtre autour de 1836 (d’après le recensement de cette année) ;
  • Jean LENOBLE, garde-champêtre de 1874 à 1881 (d’après un certain nombre d’actes d’état civil).

La description du métier de garde-champêtre parait correspondre pour mon ancêtre Jean LENOBLE qui a exercé cette fonction de 37 à 44 ans et qui était instruit. Mais, il n’en est pas de même pour Nicolas WATY…

En effet, celui-ci est déclaré comme garde-champêtre, en 1836, année au cours de laquelle il a fêté ses 73 ans… J’ai donc quelques doutes qu’il ait pu avoir une condition physique suffisante. Mais il y a un autre détail important qui me fait douter du fait qu’il ait été garde-champêtre.

Lors de son mariage en 1792, Nicolas déclare ne pas pouvoir signer car ne sachant pas écrire. Au fil des années, néanmoins, il commence à signer les actes de naissance de ses enfants. Cependant, sa signature reste extrêmement maladroite… Voyez par vous même :

Evolution signatures Nicolas WATYSur la première signature en 1795, il est difficile de distinguer les lettres tracées. Si la signature évolue au fil des ans et semble prendre un peu plus d’assurance, la dernière signature que j’ai pu retrouver n’en reste pas moins maladroite. De plus, la lente évolution entre chaque signature semble montrer que mon ancêtre n’écrivait pas régulièrement.

Ainsi, j’ai du mal à imaginer que mon ancêtre ait été capable d’écrire suffisamment pour rédiger des procès verbaux et exercer la profession de garde-champêtre.

Il semblerait donc que cette fonction lui avait été attribuée par erreur sur les recensements de 1836. Néanmoins, il faut noter qu’il n’était pas forcément toujours facile de trouver des candidats pour être garde-champêtre, les conditions à remplir étant nombreuses. Il se peut donc qu’il ait exercé cette fonction de manière temporaire, faute de candidat plus qualifié.

Elise

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