Rechercher un ancien combattant de la guerre 14-18

La Première Guerre mondiale a été une terrible épreuve pour un grand nombre de soldats qui ont été mobilisés.

Retrouver nos ancêtres soldats durant la Grande Guerre, et retrouver ce qu’ils ont vécu, c’est une manière de leur rendre hommage et d’honorer leur mémoire.

Voici les archives à utiliser pour rechercher un ancien combattant de la guerre 14-18.

Registres matricules militaires

Les registres matricules militaires sont une mine d’informations pour connaître le parcours d’un ancien combattant pendant la Première Guerre mondiale.

Ils font partie des archives du recrutement et ils contiennent des fiches individuelles appelées fiches matricules.

On y trouve notamment les informations suivantes sur les conscrits :

  • leur état civil,
  • les régiments auxquels ils ont été affectés,
  • le détail de leurs services et de leurs mutations : dates de mobilisation, changements de régiment, etc.
  • les campagnes auxquelles ils ont pris part,
  • s’ils ont été blessés, ou encore emprisonnés,
  • leurs décorations et leurs citations éventuelles,
  • leur date de démobilisation.

Pour la guerre de 14-18, ces registres ont été numérisés dans tous les départements et sont consultables sur internet.

Si vous êtes abonné à la lettre d’information gratuite de ce site, vous avez dû recevoir par mail, il y a quelques semaines, le livret PDF « Comment retrouver une fiche matricule militaire ».

Vous retrouverez dans ce livret les 2 méthodes principales pour retrouver une fiche matricule, ainsi que 3 astuces pour retrouver une fiche introuvable.

Si vous ne l’avez pas reçu, vous pouvez demander à le recevoir depuis ce lien, en indiquant à quelle adresse il faut vous l’envoyer.

Remarque : certaines fiches matricules peuvent être difficiles à retrouver en utilisant les méthodes de recherche classiques.

Dans ce cas, on peut les rechercher en s’aidant d’autres archives du recrutement, comme les recensements cantonaux et les conseils de révision.

Journaux des marches et opérations des régiments

Les Journaux des Marches et Opérations (JMO) des corps de troupe permettent de retracer le parcours de chaque régiment tout au long du conflit.

Tout d’abord, ils permettent de connaître les différentes batailles auxquelles un régiment a participé.

On y trouve aussi les états des pertes quotidiennes, qui sont plus ou moins détaillés selon les régiments : certains donnent les noms des tués et des disparus, tandis que d’autres ne donnent qu’un nombre de tués sur une période donnée.

Parfois, les prisonniers sont d’abord signalés comme disparus, car leur avis de captivité n’a pas encore été reçu.

Les journaux des marches et opérations (JMO) peuvent également permettre de découvrir comment est mort un soldat.

Par exemple, cet extrait du JMO du 202ème Régiment d’Artillerie de Campagne pour l’année 1918 m’a permis de découvrir les circonstances du décès de mon arrière-grand-oncle : il a été tué par un éclat d’obus alors qu’il était brancardier.

Journal des Marches et Opérations du 202ème Régiment d'Artillerie de Campagne du 29 avril 1918 (source : SGA Mémoire des Hommes)

JMO du 202ème Régiment d’Artillerie de Campagne du 29 avril 1918 (source : SGA Mémoire des Hommes)

Les JMO permettent également de retrouver des listes de soldats de la guerre 14 18 qui ont été décorés (ou cités à l’ordre de l’armée), avec quelques détails sur leurs services et les raisons de leur citation.

Enfin, ils permettent de savoir ce que nos ancêtres ont fait entre l’Armistice et leur démobilisation.

En effet, l’Armistice du 11 novembre 1918 n’a pas été la fin immédiate de la guerre : la paix n’a d’ailleurs été signée que 7 mois et demi plus tard, le 28 juin 1919.

Les Poilus sont donc restés mobilisés, pour veiller au respect des conditions de l’Armistice et pour accompagner la sortie du territoire des troupes allemandes.

Par exemple, un de mes arrière-grand-pères n’a été démobilisé que le 1er septembre 1919, donc plus de 10 mois après l’Armistice du 11 novembre 1918.

Pour en savoir plus sur cette période, consultez l’article : Ce que nos ancêtres ont fait entre l’Armistice et leur démobilisation.

Archives médicales et hospitalières des armées

Les archives médicales hospitalières des armées nous permettent de retrouver le dossier médical d’un soldat blessé ou hospitalisé durant la guerre de 14-18.

Ce dossier nous permet notamment de connaître :

  • la cause de l’hospitalisation : maladie, blessures, etc.
  • le lieu d’hospitalisation, qui est parfois très éloigné du front,
  • les dates de l’hospitalisation,
  • et parfois, la cause du décès.

Consulter le dossier médical est très utile lorsqu’on recherche un conscrit de 14-18.

En effet, les fiches matricules sont souvent incomplètes sur les blessures et les maladies, y compris quand il s’agit de longues hospitalisations.

Par exemple, en consultant les archives médicales hospitalières des armées, j’ai découvert que mon ancêtre Henri Lenoble a attrapé la fièvre typhoïde au début de l’année 1915. Il était alors mobilisé sur le front de la Marne.

Pour être soigné, il a été envoyé à dans un hôpital temporaire de la commune de Saint-Jean-de-Luz (dans les Pyrénées-Atlantiques), où il a été hospitalisé le 17 février 1915.

Son dossier nous apprend qu’il souffrait non seulement de la fièvre typhoïde, mais aussi, d’une entérite chronique (une inflammation des intestins), d’amaigrissement et d’une grande faiblesse.

Mon ancêtre Henri Lenoble est resté hospitalisé à Saint-Jean-de-Luz pendant un peu plus d’un mois. Sa feuille d’observations mentionne, le 26 mars 1915, qu’il est guéri et qu’il peut reprendre le service.

En plein milieu de la guerre, mon ancêtre s’est donc retrouvé, pendant plus d’un mois, sur la côte Atlantique. Pourtant, il n’y a aucune mention de sa maladie et de son hospitalisation sur sa fiche matricule.

Listes de soldats prisonniers de la guerre de 14 18

Le Comité International de la Croix-Rouge a mis en ligne ses archives concernant les prisonniers de la Première Guerre mondiale.

Les listes de soldats prisonniers de la Croix-Rouge nous permettent de retrouver :

  • les camps dans lesquels un soldat a été emprisonné,
  • où et quand il a été capturé,
  • l’adresse de la famille du soldat, qui est très utile pour s’assurer qu’il ne s’agit pas d’un homonyme.

Liste de soldats - Guerre 14 18 - Prisonniers du camp de Langensalza

Liste des prisonniers du camp de Langensalza en 1918

Il est tout à fait possible qu’un de vos ancêtres ait été prisonnier durant la Première Guerre mondiale, même si vous n’en avez jamais entendu parler.

Par exemple, mon arrière-grand-père Emile Blanchard a été capturé le 7 mars 1916 et il a passé tout le reste de la guerre dans un camp de prisonniers en Allemagne.

Il n’a jamais beaucoup parlé de sa captivité autour de lui, si bien que, dans la famille, à peu près tout le monde l’ignorait. Peut-être était-il gêné d’avoir été prisonnier alors que tant d’autres étaient morts dans des batailles pendant ce temps.

Pour voir un exemple de recherches sur un soldat prisonnier, vous pouvez consulter son parcours dans l’article : Retrouver un prisonnier de la guerre de 14-18

Dossiers militaires

Les dossiers militaires permettent de retrouver des renseignements supplémentaires sur nos ancêtres qui ont fait carrière dans l’armée.

On y retrouve notamment :

  • les états de service et les affectations,
  • les documents médicaux,
  • les citations et les décorations,
  • les notes et les observations de ses supérieurs.

Ils sont conservés au Service Historique de la Défense, à Vincennes.

Pour savoir comment les retrouver, consultez cet article pour retrouver un dossier de militaire au Service Historique de la Défense.

Journaux anciens

Les journaux anciens contiennent parfois des informations sur les combattants de 14-18.

Retrouver une affectation militaire

Les titres de presse publiés durant le conflit nous permettent tout d’abord de retrouver des affectations militaires.

Par exemple, c’est dans « Le Bulletin Meusien » du 12 août 1915 que j’ai pu retrouver l’affectation de mon arrière-grand-père Henri Lenoble :

Mention de l’affectation militaire de mon ancêtre dans le journal « Le Bulletin Meusien » du 12 août 1915

Mention de l’affectation de mon ancêtre dans « Le Bulletin Meusien » du 12 août 1915

Il était donc alors affecté à l’Hôpital Temporaire n°4 de Saint-Memmie (près de Châlons-sur-Marne), en tant que caporal-infirmier.

Retrouver des photos et des listes de soldats prisonniers

Certains titres de presse ancienne permettent également de retrouver des listes de soldats prisonniers, ainsi que des photographies.

Par exemple, c’est le cas de « La Gazette des Ardennes ». Il s’agissait d’un journal de propagande allemand publié en français dans les territoires occupés en France et en Belgique, ainsi que dans les camps de prisonniers.

Des listes de prisonniers y étaient publiées toutes les deux semaines, et parfois, il y avait même des photographies des prisonniers récemment internés.

Ces publications sont donc très utiles pour retrouver le lieu de captivité d’un ancêtre. Cependant, elles ne sont pas exhaustives : par exemple, je n’y ai retrouvé qu’un seul de mes deux arrière-grands-pères qui ont été faits prisonniers.

Ce journal contient également des descriptions et des photographies des camps de prisonniers. Cependant, il ne faut pas oublier qu’il s’agissait d’une publication de propagande qui vantait les bonnes conditions de vie dans les camps.

Par exemple, dans l’extrait ci-dessous, la tour de surveillance du camp de Mannheim est décrite comme étant « le beffroi de la petite cité que forme le camp et dont il règle les heures de travail et de repos » :

Description du camp de prisonniers de Mannheim dans le journal

Description du camp de prisonniers de Mannheim dans le journal « La Gazette des Ardennes »

Retrouver les familles et les civils

La presse ancienne nous permet enfin de retrouver des renseignements sur les familles des soldats, et plus particulièrement, sur les civils qui ont été touchés par la guerre de 14-18.

C’est le cas notamment de tous ceux qui vivaient dans les régions durement touchées par les combats : la Lorraine, la Champagne, la Picardie, etc.

Par exemple, certains bulletins, comme le « Bulletin des Réfugiés du département du Nord », ont été créés à l’époque pour « centraliser toutes les adresses des réfugiés ou évacués et pour leur procurer le moyen de retrouver les leurs ».

On peut y retrouver les noms des réfugiés, ainsi que des avis de recherches de personnes restées dans les zones de conflits.

La presse locale fournit également beaucoup d’informations sur les bombardements et la vie dans les villages proches du front.

Enfin, les journaux de propagande allemands (comme « La Gazette des Ardennes » mentionnée précédemment) publiait des listes de « victimes de leurs compatriotes », qui recensaient les civils tués par les bombes alliées dans les territoires occupés.

Archives des Morts pour la France

Pour retrouver un Mort pour la France, il y a 3 principales ressources à considérer :

  • les fiches de Mort pour la France, consultables sur le site Mémoire des Hommes,
  • les Livres d’Or des Morts pour la France, édités suite à la Première Guerre mondiale.
  • les monuments aux morts, les nécropoles et les plaques commémoratives.

Grâce à ces ressources, il est possible de retrouver la date et le lieu du décès d’un soldat de 14-18, ainsi que les causes de sa mort.

Souvent, les causes de la mort sont très succinctes. Par exemple, la fiche de Mort pour la France du frère de mon arrière-grand-père nous indique juste qu’il a été « tué à l’ennemi par éclat d’obus » :

Fiche d'un soldat Mort pour la France durant la Première Guerre Mondiale

Fiche d’un Mort pour la France de 14 18

Il faut aussi savoir que certains soldats morts durant le conflit n’ont pas reçu la mention Mort pour la France : c’est d’ailleurs le cas de 95 000 d’entre eux.

Enfin, il existe également des bases de données pour rechercher les sépultures des combattants.

Pour découvrir encore d’autres ressources, consultez l’article Retrouver un Mort pour la France.

Livret militaire, photos, lettres, carte d’ancien combattant

Enfin, il y a une dernière ressource qu’il ne faut pas négliger lors de vos recherches. Il s’agit des documents conservés par votre famille, ainsi que les souvenirs.

Livret militaire, médailles, citations, carte d’ancien combattant

Certains objets ayant appartenu à vos ancêtres Poilus ont peut-être été conservés par votre famille.

Par exemple :

  • leur livret militaire,
  • leur carte d’ancien combattant,
  • des documents administratifs : des permissions, etc.
  • des médailles et des fourragères,
  • des citations.

Pour retrouver ces documents et ces vieux objets de famille, il ne faut pas hésiter à demander autour de vous.

Par exemple, quand mon oncle a appris que je retraçais le parcours de son grand-père, il m’a remis une boîte d’objets qui lui avait appartenu.

Dedans, j’ai pu retrouver son livret militaire, des médailles, des fourragères, sa carte d’ancien combattant, et encore bien d’autres objets de famille.

Carte d'ancien combattant de mon arrière-grand-père

Carte d’ancien combattant de mon arrière-grand-père

Remarques :

  • Dans certains départements, il est possible de retrouver des cartes d’anciens combattants sur les sites des archives départementales.
  • Par contre, il n’est pas possible de retrouver un livret militaire de 14 18 en ligne, car ces livrets n’étaient pas réalisés en plusieurs exemplaires.

Photographies de soldats

Les photographies de soldats peuvent vous donner des informations sur le parcours d’un conscrit.

En effet, au début du 20ème siècle, les jeunes hommes étaient souvent pris en photo au cours de leur service. D’ailleurs, les seules photos que je possède de mes arrière-grands-pères sont des photos prises durant leur mobilisation.

Ces photographies en uniforme nous permettent de connaître la situation militaire d’un ancêtre (au moment de la photo), en analysant les éléments de son uniforme.

Les éléments les plus importants que l’on peut trouver sur une photographie en uniforme sont :

  • le type d’uniforme, qui permet de savoir si la photo a été prise avant ou après 1915, année d’apparition de l’uniforme bleu horizon (*),
  • le numéro de régiment, qui est inscrit sur le col de l’uniforme,
  • les galons et les insignes éventuels.

Par exemple, voici une photo de mon arrière-grand-père en uniforme :

Photographie d'un soldat en uniforme militaire du début de la Première Guerre Mondiale (avant 1915)

Photographie de mon arrière-grand-père en uniforme de l’armée

A partir de cette photographie, voici ce que nous pouvons déduire :

  • il ne porte pas l’uniforme bleu horizon, donc la photo a été prise avant 1915,
  • d’après le numéro sur son col, il servait dans le 162ème Régiment d’Infanterie,
  • le cor sur sa manche gauche indique qu’il a reçu un prix de tir.

(*) L’uniforme bleu horizon a été créé en 1914 et distribué au début de l’année 1915 afin de remplacer les anciens uniformes de l’armée française qui n’étaient pas adaptés aux combats dans les tranchées.

Ils étaient en effet constitués d’un manteau gris de fer bleuté et d’un pantalon et d’un képi rouges « garance », très visibles de loin. Ils ont donc été remplacés par des uniformes bleu horizon pour que les soldats ne soient pas visibles de loin en se découpant sur la ligne bleue de l’horizon.

Remarque : sur les photos prises durant la guerre, les Poilus sont généralement bien rasés. En effet, leur nom de Poilus ne vient pas de leur pilosité. Vous retrouverez l’origine de leur surnom dans cet article : Pourquoi les Poilus s’appellent les Poilus

Lettres et cartes postales

Certains membres de votre famille ont peut-être conservé de vieilles lettres envoyées par vos ancêtres, alors qu’ils étaient mobilisés.

Ces lettres, qu’ils ont écrites depuis le front, contiennent souvent des éléments personnels et touchants. En effet, au-delà des batailles et des faits d’armes, elles nous permettent de savoir comment ils ont vécu personnellement cette guerre.

Par exemple, ce qui ressort des lettres envoyées par un de mes arrière-grands-pères, qui a été mobilisé sur le front colonial, c’est qu’il se fait du souci pour sa famille qui habite dans les zones proches des combats.

Pour retrouver des lettres de vos ancêtres, commencez par demander autour de vous à vos proches. Il est tout à fait possible qu’un membre de votre famille ait, chez lui, une boîte en cartons qui contient de vieilles lettres dont il ne sait pas quoi faire.

Mémoire et récits familiaux

La Première Guerre mondiale est encore assez proche dans les esprits. Certains membres de votre famille connaissent donc peut-être des anecdotes sur votre famille durant le conflit.

Ces histoires sont d’une grande importance, car elles ont été transmises directement par ceux qui les ont vécues. C’est pourquoi il est essentiel de les noter, afin qu’elles ne soient pas oubliées.

De plus, ces histoires peuvent vous donner des indices et des pistes lors de vos recherches.

Raconter l’histoire d’un Poilu

En utilisant les nombreuses ressources que nous venons de voir, vous allez pouvoir retrouver vos ancêtres mobilisés durant la Première Guerre mondiale.

Si vous le souhaitez, vous pourrez alors écrire leur parcours durant la Grande Guerre, afin raconter ce qu’ils ont vécu.

Vous pourrez ainsi transmettre leur histoire et honorer leur mémoire.

Voilà qui conclut ce dossier. J’espère que cela vous aidera à faire de belles découvertes sur vos ancêtres !

Elise

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