Retrouver un ancêtre parisien dans les actes notariés
Aujourd’hui, nous allons voir un cas pratique de recherches généalogiques à Paris en utilisant les actes notariés parisiens.
Les recherches à Paris sont souvent difficiles, car il n’existe plus de registres paroissiaux avant 1860. En effet, beaucoup d’archives ont été brûlées à Paris en 1871, lors de la Commune.
Dans cet article, nous allons voir comment il est possible de retrouver malgré tout des informations sur nos ancêtres parisiens, en utilisant les actes notariés.
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Un ancêtre dont on ne retrouve pas les origines
Et pour cela, nous allons partir du cas de mon ancêtre Jacques Gillier, que j’ai découvert sur l’acte de mariage de sa fille, à Louvois (Marne), en 1702. Il avait alors déjà 55 ans.
Avant cela, on ne retrouve pas sa trace dans les archives de la commune de Louvois, ou dans celles des communes environnantes. Et dans les actes le concernant lui et ses enfants, il n’y a aucune indication de son lieu de naissance, ou de son lieu de mariage. Nous ne savons donc pas d’où il vient.
Grâce aux différents actes paroissiaux que l’on peut retrouver sur lui à partir de 1702, voici les informations dont nous disposons :
- Il apparait à Louvois en 1702 sur l’acte de mariage de sa fille.
- Il est alors capitaine du château de Louvois.
- Sa première épouse est décédée à Louvois en janvier 1710.
- Il s’est remarié à Reims en septembre 1710.
- Il est décédé à Louvois en 1721.
Par ailleurs, en faisant des recherches aux Archives Départementales de la Marne, j’ai pu retrouver son testament et quelques actes notariés le concernant.
D’après ces actes notariés, Jacques Gillier a possédé une maison à Paris (rue Mouffetard), qui est ensuite revenue en héritage à ses enfants. Toutefois, ces actes ne donnent aucune information sur ses origines.
Lorsque j’ai découvert l’existence de cette maison à Paris, j’ai commencé à suspecter qu’il pouvait avoir des origines à Paris, ou du moins y avoir vécu.
De plus, Jacques Gillier était capitaine du Château de Louvois. Et ce château était alors habité par la famille de François Michel le Tellier de Louvois, ministre de Louis XIV. Il est donc possible que Jacques Gillier ait travaillé pour la famille de Louvois à Paris, et qu’il soit arrivé dans la Marne à leur service.
Il faut donc mener des recherches à Paris avant 1702. Et comme il n’existe pas de registres paroissiaux avant 1860 (en raison des incendies durant la Commune de 1871), nous allons devoir chercher dans les actes notariés.
Recherches dans les actes notariés aux Archives Nationales
Cependant, pour ces recherches, il n’est pas envisageable de parcourir les archives de tous les notaires, en comptant sur un coup de chance. En effet, à cette époque, il y avait déjà un très grand nombre de notaires à Paris.
C’est pourquoi il faut d’abord consulter les indexations et les relevés d’actes effectués par des associations ou des services d’archives.
J’ai donc commencé par faire des recherches sur le site internet des Archives Nationales, à la recherche d’actes notariés concernant la famille Gillier.
En effet, la « salle des inventaires virtuelle » des Archives Nationales propose un certain nombre d’indexations d’actes. Même si ces indexations sont loin d’être exhaustives, elles peuvent permettre de retrouver la trace d’un acte notarié grâce à une recherche sur un nom de famille.
Ainsi, en saisissant le nom Gillier dans le moteur de recherche des Archives Nationales, on peut retrouver plusieurs relevés d’actes notariés concernant des membres de la famille Gillier, notamment l’inventaire après décès de son fils.
Ensuite, je me suis rendue sur place, aux Archives Nationales, pour consulter ces actes notariés. J’ai ainsi découvert que Jacques Gillier était mentionné comme témoin sur certains actes.
Ces premières recherches prouvent que Jacques Gillier avait bien un lien avec Paris. Il est donc possible qu’il y ait habité avant d’arriver à Louvois dans la Marne.
Mais nous n’avons pas assez d’éléments pour remonter plus loin. J’ai donc temporairement mis ces recherches de côté.
Une nouvelle piste grâce à des relevés d’actes
Et puis récemment, une découverte sur le site « Familles Parisiennes » a relancé mes recherches. Il s’agit d’un site très utile avec des relevés d’actes parisiens, en particulier des actes notariés. Les relevés d’actes de ce site ne sont pas les mêmes que ceux des Archives Nationales, et les bénévoles du site mettent régulièrement en ligne de nouveaux relevés.
C’est ainsi que j’ai découvert un nouvel acte notarié sur Jacques Gillier, et non un des moindres. Il s’agit du contrat de mariage de Jacques Gillier avec sa première épouse Antoinette Nicou. Ce contrat a été passé à Paris en février 1676.
Et comme il a été photographié et mis en ligne par « Familles Parisiennes », on peut le consulter directement sans même avoir à se rendre aux Archives Nationales.
Ce contrat contient l’identité des parents de chacun des époux. On sait donc désormais que :
- Jacques Gillier était le fils de René Gillier et de Marguerite Forbeuf
- Antoinette Nicou était la fille de Pierre Nicou et Marie Gaucher.
Et grâce aux témoins mentionnés dans cet acte, j’ai également découvert de nouveaux liens familiaux, en particulier du côté de Jacques Gillier.
Mais ce n’est pas tout. Ce contrat de mariage donne également de nouveaux éléments sur la vie de mes ancêtres et sur leurs lieux de vie. Ainsi, au moment de son mariage, Antoinette Nicou vivait rue Aubry le Boucher, dans la paroisse Saint Leu. Cette rue se situe dans l’actuel quartier des Halles.
Jacques Gillier, pour sa part, était aide d’office de Monseigneur le Marquis de Louvois et il vivait dans l’hôtel que celui-ci possédait rue de Richelieu. Cet hôtel a malheureusement disparu depuis (remplacé par le square Louvois), mais on en retrouve des représentations et des plans dans les collections des musées de Paris.
Cela confirme le lien de Jacques Gillier avec la famille Tellier de Louvois, et cela permet d’imaginer les conditions dans lesquelles il vivait. Il est donc très probable qu’il soit arrivé dans la Marne avec la famille du marquis de Louvois.
Cette recherche m’a donc permis de retrouver ses origines et qui étaient ses parents. Je vais désormais rechercher son parcours au service de Louvois, afin de retrouver les dates et lieux de naissance de ses enfants.
Au final, malgré l’absence de registres paroissiaux pour la ville de Paris, il est possible de retrouver des informations sur nos ancêtres parisiens. Pour cela, il faut passer par les actes notariés, et surtout s’aider des relevés d’actes effectués par les associations.
Elise Lenoble