Retrouver un soldat blessé de la guerre de 14 18
Dans cet article, nous allons voir les découvertes que l’on peut faire lorsqu’on mène des recherches sur un ancien combattant de 14-18 qui a été blessé ou hospitalisé durant la guerre.
Pour cela, je vais prendre l’exemple du parcours de mon arrière-grand-père Henri Lenoble.
Affectation militaire comme infirmier
Lorsque la Première Guerre Mondiale est déclarée, Henri Lenoble a 35 ans. Il doit alors rejoindre la 6ème Section d’Infirmiers Militaires, le 4 août 1914.
La 6ème Section d’Infirmiers militaires (6e SIM) était un dépôt à partir duquel les infirmiers pouvaient être affectés dans des hôpitaux ou des ambulances de tout le Nord-Est de la France.
Il n’existe pas de registre permettant de connaître les affectations précises de chacun des infirmiers.
Mais grâce à une indication dans le journal « Le Bulletin Meusien » (sur Gallica), j’ai pu retrouver qu’il était affecté, en début d’année 1915, à l’Hôpital Temporaire n°4 de Saint-Memmie (Marne), en tant que caporal-infirmier.
Cet hôpital étant situé dans la zone des armées, il s’agissait certainement d’un hôpital d’évacuation de premier rang, qui accueillait de nombreux blessés nécessitant d’être soignés rapidement.
Hospitalisation à Saint-Jean-de-Luz
En février 1915, mon arrière-grand-père tombe malade, peut-être contaminé par les soldats malades qui arrivent à l’hôpital de Saint-Memmie. Il a attrapé la fièvre typhoïde.
Grâce aux registres d’admissions, conservés par les Archives Hospitalières des Armées, on sait qu’il a été admis à l’Hôpital Temporaire de Saint-Jean-de-Luz, le 17 février 1915.
En plus de la fièvre typhoïde, les registres de l’hôpital indiquent qu’il souffre d’entérite chronique, d’amaigrissement et d’une grande faiblesse.
D’après sa localisation, loin du front, l’Hôpital Temporaire de Saint-Jean-de-Luz recevait certainement principalement des patients dont la convalescence devait être longue (plus de 2 semaines).
Henri y reste hospitalisé pendant un peu plus d’un mois, jusqu’au 26 mars 1915. Sa feuille d’observations mentionne alors qu’il est guéri et qu’il peut reprendre son service.
Après un court passage par l’Hôpital de Bayonne, il rejoint alors son affectation à l’Hôpital temporaire de Saint-Memmie.
On ne sait pas exactement combien de temps il reste affecté dans cet hôpital. Mais, en mai 1918, on le retrouve dans nouvelle affectation : l’Hôpital d’évacuation de Mont-Notre-Dame, dans l’Aisne.
Affectation dans un hôpital d’évacuation
A l’Hôpital d’évacuation de Mont-Notre-Dame, ses missions sont alors probablement les mêmes qu’à Saint-Memmie.
Il s’agit d’un grand hôpital de plus de 3000 lits qui a été aménagé dans des baraquements, près de la commune de Mont-Notre-Dame. En plus d’être un hôpital d’orientation et d’évacuation, on y trouve des services spécialisés (notamment en stomatologie et en oto-rhino-laryngologie).
Mont-Notre-Dame se trouve alors très près du front, près du Chemin des Dames, car, en mai 1918, la 3ème Bataille de l’Aisne est en train de se dérouler.
Et le 27 mai, le chef de l’état-major allemand lance une offensive dans le secteur du Chemin des Dames. Son objectif est d’empêcher les troupes françaises de venir en renfort des troupes britanniques dans le nord de la France.
Voyant l’avancée des troupes allemandes, une partie du personnel de l’Hôpital de Mont-Notre-Dame entreprend d’évacuer 800 blessés qui peuvent être transférés à pied vers Fère-en-Tardenois.
Toutefois, 700 blessés couchés, qui ne peuvent pas être évacués facilement, restent sur place avec 425 membres des régiments sanitaires.
Le 28 mai 1918, ils sont faits prisonniers de guerre par les troupes allemandes, qui prennent possession de l’hôpital. Mon arrière-grand-père est parmi eux.
Prisonnier de guerre dans le camp de Langensalza
Jusqu’en juillet 1918, des régiments sanitaires allemands s’installent dans l’hôpital. Ils gardent avec eux comme prisonniers les 425 personnels français.
Toutefois, à la mi-juillet 1918, les troupes allemandes doivent battre en retraite. Ils envoient alors tous les prisonniers français vers des camps en Allemagne, pillent tout le matériel médical, et incendient ce qu’il reste de l’hôpital.
Mon arrière-grand-père est alors emmené vers le camp de prisonniers de Langensalza, en Thuringe. Grâce aux listes de prisonniers de guerre du camp, je sais qu’il y arrive en septembre 1918.
Voici une photographie des baraques du camp de Langensalza :
Quelques mois plus tard, mon arrière-grand-père est libéré, et il est rapatrié en France le 9 décembre 1918, près d’un mois après l’Armistice.
Démobilisation définitive
Il bénéficie alors d’une période de permission de 30 jours, avant d’être réaffecté dans le 106ème régiment d’infanterie, qui était alors stationné à Wissembourg, avec pour mission de surveiller la frontière entre l’Alsace et le Palatinat.
Comme la démobilisation des combattants de la guerre de 14 18 s’étend sur plusieurs mois, il reste dans cette affectation jusqu’au 10 février 1919, date de sa démobilisation définitive.
Au final, mon arrière-grand-père Henri Lenoble aura eu un parcours assez mouvementé au cours de ses quatre années et demi de mobilisation.
Il aura connu les deux versants du Service de Santé des Armées : d’une part comme infirmier, et d’autre part comme patient. Il aura aussi connu pendant quelques mois les camps de prisonniers en Allemagne.
Elise