Famille et maison au Nord et au Sud au 18ème siècle

Nous allons parler des deux grandes manières dont on vivait en famille autrefois, ainsi que des conséquences concrètes que cela a pour notre généalogie.

Je viens de finir un livre très intéressant sur l’histoire de la France rurale. Dans ce livre, on apprend qu’il y avait jusqu’au 18ème siècle deux grands modèles de famille en France : la famille élargie et la famille conjugale.

La famille élargie se retrouvait majoritairement au sud de la Loire, dans certaines provinces méridionales et dans les pays de montagne.

Dans ce cas, toutes les générations vivaient sous un même toit : les vieux parents, les enfants mariés et leurs conjoints, les enfants des différents couples, etc.

Il s’agissait donc de familles très étendues, dans lesquelles on vivait comme dans une tribu. Ces familles étaient généralement liées à la possession d’un domaine ou d’une exploitation.

La famille conjugale était plutôt présente dans le Nord de la France. Dans ce cas, on ne trouvait sous un même toit que les parents et les enfants non encore mariés. Il s’agit donc de la conception actuelle de la famille.

Ces deux modèles d’organisation familiale peuvent sembler anodins, mais les conséquences étaient importantes.

Dans les familles élargies du Sud, le problème de l’entrée et de la sortie du groupe se posait.

Concrètement, dès qu’il y avait trop de monde sur l’exploitation familiale ou dans la maisonnée, certains membres de la famille devaient partir.

Quand une fille se mariait, elle ne fondait pas un nouveau foyer avec son conjoint : elle rejoignait la famille élargie de son mari, en apportant une dot.

Quant aux garçons, s’ils quittaient le groupe pour avoir leur indépendance, ils se retrouvaient dans la pratique plus ou moins exclus des successions.

Dans les familles conjugales du Nord, les choses étaient assez différentes.

Les enfants quittaient le foyer familial au moment de leur mariage. Les nouveaux mariés étaient donc indépendants et il était assez rare qu’ils continuent de vivre sous le toit parental.

Cependant, cette indépendance avait un prix : si les futurs mariés ne pouvaient pas s’établir pour fonder une famille séparée, leur mariage pouvait être retardé.

Bien sûr, tout cela est une grande généralisation. Mais, pour ma part, je dois dire que cela colle très bien avec ce que j’observe dans ma généalogie :

  • mes ancêtres du Nord quittent presque toujours la maison à leur mariage.
  • mes ancêtres du Sud se marient et vivent souvent quelques années avec leurs parents, avant de fonder un foyer indépendant.

Par exemple, mon ancêtre Jean Cantat de l’Allier a continué à vivre chez ses parents après son mariage. Il y vivait en compagnie de sa femme, ses 3 enfants, son frère lui aussi marié, l’épouse et les enfants du frère, etc.

A l’inverse, mes ancêtres de Lorraine, Jean Lenoble et Anne Josselin, ont eu un enfant ensemble en 1857, mais ils ne se sont pas mariés tout de suite.

En effet, leur mariage n’a été célébré qu’un an et demi plus tard, en 1858, une fois que Jean a eu sa propre maison. Il est donc possible que le mariage ait été retardé car ils ne disposaient pas de leur propre foyer.

Bien sûr, de nos jours, il est clair que la tradition du Nord de la famille conjugale s’est généralisée à l’ensemble du territoire. Il est devenu assez rare de se marier, d’avoir des enfants et de continuer à vivre chez ses parents pendant plusieurs années.

Elise

Référence de l’ouvrage cité dans l’article : « Histoire de la France Rurale, Tome 2 : de 1340 à 1789 » de Georges Duby et Armand Wallon.



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